Ruelle sur Touvre
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MOULINS ET PAPETERIES

 

La Touvre n’est pas une rivière comme les autres…

Bien que sa longueur n’atteigne pas les 12 kilomètres, son débit régulier a offert une énergie hydraulique propice à l’installation de moulins. Il s’agissait alors de moulins à blé, à huile, à foulon*, à papier ou encore de forges. Les cours d’eau à débit régulier permettent une production constante s’affranchissant des difficultés liées aux périodes de crue et d’étiage. La pureté des eaux de la Touvre (dont plusieurs sources témoignent au cours des siècles) a également contribué à l’installation de ces moulins.

*Le moulin à foulon est destiné à battre la laine tissée (drap) pour l’assouplir et la dégraisser.

 

Avec l’industrialisation, nombre de ces moulins ont été transformés en papeteries au 19e siècle. Ainsi de sa source à sa confluence, la Touvre a compté 6 sites papetiers :

 

À Magnac sur Touvre

  • Maumont

Ces moulins à blé et à huile ont été transformés en papeterie à la demande des sieurs Callaud-Bellisle (également propriétaires de la fabrique de Veuze), en 1837. La machine à papier est mise en service en 1838. La Famille Chauvaud en devient propriétaire en 1864 et le restera jusqu’à la cessation d’activité de l’usine vers 1975.

Production de papier à lettres, à registre, de luxe et écolier, vergé et vélin.

  • Papeterie de Veuze

La papeterie est créée en en 1828 par la famille Callaud-Bellisle. Elle est la première usine à papier dite mécanique de Charente. Le papier fabriqué a par deux fois été récompensé aux expositions universelles (1834, 1844). Avec la production de Maumont, c’est alors 750 tonnes de papier qui sont fabriquées et pour la moitié exportées. En 1903, Louis Dubois loue l’usine puis en devient propriétaire en 1911. La famille Dubois en restera propriétaire jusqu’à sa fermeture en mars 2011. Celle-ci produisait alors différentes sortes de papiers : pour onduler, d’emballage, blancs, écrus… 

Papeterie de Veuze

  • La Maillerie

D’abord moulin à blé (1831) puis moulin à foulon (1869), La Maillerie est transformée en cartonnerie d’emballage par Jean Thomas et Armand Nadaud et produit dès 1875 du papier brun. La production était celle de papier d’emballage et cartonnage, façonné ensuite dans un atelier situé rue de Montmoreau à Angoulême. Après des changements de propriétaires successifs et une production consacrée un temps au papier deuil et aux enveloppes, l’usine revient à sa production première mais ferme ses portes à l’aube des années 1920.

 

À Ruelle sur Touvre

  • Les Seguins

Ce moulin à blé est transformé en papeterie en 1958. En 1869, il devient une usine à effilocher les chiffons, utilisés comme matière première pour la fabrication de pâte à papier. Celle-ci fonctionnera comme annexe de l’usine de Villement jusqu’en 1930.

  • Villement

Ce moulin à blé datant du 18e siècle est transformé en forge (en 1828 par le sieur Marsat) puis converti en usine à papier mécanique en 1856 à la demande de sieur Alamigeon jeune (alors propriétaire de l’usine de fer de Villement). Alamigeon frères produit alors des papiers à lettre, de luxe, à registres, vergés et vélins. Leur papier à la qualité reconnue fournit l’Imprimerie Nationale dès 1872.

En 1930, la famille Alamigeon développe et agrandit l’usine et lui fait traverser la Touvre pour l’installer sur la rive gauche afin d’augmenter ses capacités de production, de stockage, de bobinage et de façonnage en ligne. En 1981 est construit un atelier de découpe pour compléter le site qui comprend également le pulpage et le raffinage de la pâte.

En 1988 le groupe Oxalis reprend la papeterie qui passera, en 2013, aux mains de Pascal Conty. Deux ans plus tard, avec l’appui de nouveaux investisseurs régionaux, la société devient Alamigeon Papers & Technologies.

Traditionnellement, Alamigeon produisait des papiers et cartes pour les albums photos, le dessin, la photo, la numismatique, le bristol, les cartes de visite, le classement…. Mais aussi pour le bureau avec des enveloppes, des intercalaires, des buvards et des dossiers. 

Avec l’arrivée d’Internet, les marchés traditionnels sont en baisse. Alamigeon se diversifie alors pour produire des papiers techniques spécifiques : papiers barrière aux graisses et/ou à l’eau destinés à remplacer certaines applications plastique, s’adressant à l’emballage alimentaire, classique ou de luxe, notamment pour la pharmacie et la cosmétique, mais aussi aux boîtes d’emballage de vêtements. Une troisième diversification concerne les papiers résistants au feu.

 

Papeterie de Villement

Papeterie de Villement

À Le Gond-Pontouvre

  • Foulpougne

Moulin à blé transformé en papeterie en 1856. Il devient vers 1870 le service des Eaux de la Ville d’Angoulême. 

Foulpougne

  • Bourlion

Ce moulin à blé est transformé en papeterie en 1839, mais celle-ci fait faillite en 1843. Vers 1880, une source indique qu’un M. Brun y fabriquait du carton et du papier d’emballage. Dès 1923, l’usine est convertie en minoterie et est achetée en 1930 par les Grands Moulins de Paris.

Bourlion

 

À l’inverse, des moulins destinés à l’origine à la production artisanale de papier ont été convertis. Ruelle sur Touvre comptait ainsi deux moulins à papier.

  • Fissac

Mentionné sur le site au 17e siècle, ce moulin a subi de nombreuses transformations au fil du temps. D’abord moulin à papier, il devient moulin à blé au 18e siècle, puis il revient à sa destination première en 1833, avant d’être détruit. Un nouveau moulin à blé est alors construit en 1874, puis détruit en 1879, pour être ensuite remplacé par une minoterie qui se développe et s’agrandit d’une minoterie n°2 en 1902. 

Fissac 

Fissac

  • La Terrière

Ce moulin à papier du 17e siècle est transformé en moulin à blé dès le 18e. Il est ensuite remplacé au 19e par un moulin à huile et une minoterie. L’activité cesse dans le troisième quart du 20e.

 

La papeterie fut l’un des fleurons de l’industrie de la Charente mais d’autres productions ont également fait vivre l’économie locale. À Ruelle, deux moulins ont joué un rôle fondamental dans l’histoire de la ville. Acquis par Montalembert, ils furent transformés en forge à canons. Mais ceci est un autre chapitre…

 

Sources : inventaire du patrimoine Poitou-Charentes / « Fumées du Nil (6), La passion des papetiers », Denis Peaucelle, éd. GERMA / Site L’info papier/ fonds iconographique. Coll. M. Herbreteau 

Pour en découvrir plus : Contribution à l’Histoire de RUELLE SUR TOUVRE par Michel Herbreteau

 


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