Ruelle sur Touvre
ruelle sur touvre

LES PASSERELLES

Certains d’entre vous les empruntent régulièrement pour accéder au centre-ville ou occasionnellement tout simplement pour flâner, observer la faune et la flore et profiter de la douce quiétude de la Touvre. Mais qu’en est-il de l’histoire de ces passerelles ?

 

Les villes n’ont cessé d’évoluer au cours des siècles. Mais le XIXe siècle marque le début d’une étape de forte croissance. La Révolution industrielle entraîne en effet un exode rural massif et une augmentation démographique importante des villes. À Ruelle, la Touvre dispose des qualités requises pour fournir la force hydraulique nécessaire au développement d’industries telles que la fonderie, les papeteries…, favorisant ainsi par l’emploi de main d’œuvre ouvrière  l’essor démographique de la ville.

Les villes par cet afflux de population se transforment. À Ruelle, l’habitat se développe et des services sont mis à la disposition de la population : construction du groupe scolaire, de la mairie, aménagement de la voie de chemin de fer et de la gare. Ce contexte pousse les édiles à repenser l’urbanisme et pour ce qui nous intéresse dans ce dossier : les voies de circulation et plus particulièrement les passerelles.

 

Ruelle sur Touvre en compte deux :

– de Fissac aux Seguins

– du Bourg de Ruelle au village de Relette (commune de Magnac sur Touvre)

 

Avant la construction de ces passerelles il était d’usage d’utiliser la barque ou de faire un détour par le pont le plus proche.

Dès 1888, le Maire François Delémery propose la construction des deux passerelles, mais le Conseil municipal refuse. En effet, celui-ci en cette période de modernisation et d’expansion se doit de faire des choix d’investissement. Le groupe scolaire et la mairie viennent d’être construits et la priorité est alors donnée à l’agrandissement du champ de foire et à l’amélioration de son accès.   

 

Mais la graine est plantée et l’idée va rapidement germer. L’attente des habitants est forte. Néanmoins ces projets vont connaître quelques contretemps.

 

De Fissac aux Seguins 

(Passerelle de Fissac vers les Seguins)

 

En  1889, un budget est alloué à la construction d’une passerelle entre Fissac et les Seguins, approximativement sur le tracé de la passerelle actuelle. Mais du côté des Seguins, son accès nécessite l’achat d’un terrain à un propriétaire privé, celui-ci refuse. Une enquête d’utilité publique est alors demandée afin d’envisager une expropriation mais la préfecture tarde à la lancer et en 1891 conclut que cette passerelle n’est pas d’utilité publique.

Qu’à cela ne tienne, les conseillers proposent alors la construction d’une passerelle en bois située plus en aval, avec l’accord des riverains. Elle est ouverte au public en 1892.

Dès 1907, le constat est sans appel, la passerelle se dégrade et nécessite des travaux. Elle est dans un premier temps consolidée.

 

En 1909, l’expansion démographique se poursuit et une école est inaugurée dans le quartier des Seguins. Elle accueille les enfants des quartiers de Fissac et de Villement. La passerelle est alors plus que nécessaire pour relier ces quartiers aux  Seguins.

Les réparations de 1907 ne suffisent plus. Deux projets émergent alors : la construction d’une nouvelle passerelle « en dur » ou celle d’un pont. Ce dernier est rejeté pour des questions de coût et d’utilité (le pont relierait des axes secondaires).

Le projet de 1889 ressort alors des cartons, mais le problème reste inchangé : il est indispensable d’acquérir le terrain du même propriétaire pour accéder à la passerelle. Après des négociations et quelques modifications, la veuve du propriétaire accepte de céder le terrain. L’enquête d’utilité publique donne son aval et les travaux débutent à l’été 1911 pour une ouverture en novembre.

La passerelle en bois est quant à elle détruite.

 

Du bourg de Ruelle à Relette

(Passerelle du Bourg à Relette)

 

Ce projet de passerelle refait surface en 1896. Mais à la différence de celle de Fissac aux Seguins, cette passerelle relie deux communes. Il est donc nécessaire de travailler en collaboration avec Magnac sur Touvre.

L’intérêt pour les deux villes est de faciliter l’accès des ouvriers aux papeteries de Veuze (Magnac) et Desbordes (près du bourg de Ruelle).

 

Des moyens financiers limités par la conduite d’autres projets pour Magnac et des différents sur d’autres projets communs aux deux villes, le tout sur fond de divergences politiques vont ralentir la réalisation de la passerelle.

Les travaux sont enfin menés en 1902. Mais les querelles ne cessent pas et se poursuivent jusqu‘en 1907. Au point où l’édifice fut surnommé « passerelle de la discorde ».

Des modifications (remplacement du platelage en chêne par un tablier de ciment, escaliers remplacés par des plans inclinés) et travaux d’entretien (renforcement des piles érodées par la rivière) sont menés au fil du temps.

 

En 2019, dans le cadre d’un projet de « galerie d’art urbain à ciel ouvert » mené par la Ville, un graff réalisé par Philippe Florant alias « Face cachée » est venu embellir l’accès à la passerelle côté Ruelle sur Touvre.

(Fresque de l’artiste Philippe Florant alias « Face cachée »)

 

Pour en savoir plus sur ces deux éléments urbains très représentatifs de la Ville de Ruelle, n’hésitez pas à visiter le site élaboré par M. Herbreteau, notre historien local, aujourd’hui malheureusement disparu. Vous y découvrirez notamment l’histoire détaillée du projet de passerelle entre le bourg et Relette, digne de la version laïque d’un « Don Camillo », opposant non pas un maire et son curé mais deux maires.

 

Et surtout, dès que possible, partez à la découverte de ces passerelles.

 

Pour en découvrir plus : Contribution à l’Histoire de RUELLE SUR TOUVRE par Michel Herbreteau


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